Dans le cerveau des autistes by Grandin Temple

Dans le cerveau des autistes by Grandin Temple

Auteur:Grandin,Temple [Grandin,Temple]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage
Éditeur: ODILE JACOB
Publié: 1943-01-14T23:00:00+00:00


CHAPITRE 6

Connaître ses atouts

Il y a quelques années, Michelle Dawson, une spécialiste de l’autisme de l’hôpital Rivière-des-Prairies de l’Université de Montréal, s’est posé une question importante. Ses recherches sur le cerveau autistique, comme les autres recherches menées à la clinique, et comme toutes les recherches sur l’autisme partout ailleurs, se concentraient sur les troubles cognitifs, autrement dit sur ce qui n’allait pas. Elle s’est alors aperçue que les caractéristiques que présente une personne autiste et que nous considérerions comme des atouts si elles appartenaient à une personne normale étaient encore jugées comme étant le malheureux résultat d’une mauvaise conformation. Et si ce n’était pas le cas ? s’est-elle demandé. Et si elles n’étaient pas le malheureux résultat de quoi que ce soit ? Et si, au lieu de cela, elles n’étaient que le simple résultat d’une conformation qui ne serait ni bonne ni mauvaise ?

Elle s’est donc plongée avec ses collègues dans la littérature sur le sujet. Bien évidemment, ils ont constaté que les études ne soulignaient invariablement que les aspects négatifs de l’autisme, même lorsque certains résultats étaient positifs. D’après Laurent Mottron[123], fréquent collaborateur de Dawson et directeur du programme autisme de l’hôpital Rivière-des-Prairies, « les chercheurs qui effectuent des IRMf décrivent systématiquement les modifications dans l’activation de certaines régions du cerveau comme des altérations constatées dans le groupe des autistes, et non pas comme de simples preuves de leur organisation cérébrale différente mais parfois efficace ». Lorsque les chercheurs considèrent le volume cortical, par exemple, ils jettent automatiquement ses variations dans la poubelle des altérations, que le cortex soit plus fin ou plus épais que ce qui était attendu. Et même lorsque les chercheurs reconnaissent bien une supériorité chez les sujets autistes, les auteurs la considèrent souvent comme un moyen de compensation d’une altération élaboré par le cerveau. Un rapport portant sur des articles basés sur cette hypothèse, paru en 2009 dans la revue Philosophical Transactions of the Royal Society[124], concluait néanmoins que « cette hypothèse compensatoire est rarement vérifiée ».

Dawson et ses collègues ont commencé à mener leurs propres expériences pour définir le niveau d’intelligence des personnes avec autisme. En 2007, ils ont mis au point une étude[125] qui utilisait deux tests d’intelligence courants, l’échelle d’intelligence pour enfants de Wechsler et les matrices progressives de Raven. Le test de Wechsler se compose de douze sous-tests, verbaux et non verbaux (assembler des cubes pour créer une forme, par exemple). Le test de Raven est entièrement non verbal. Il est constitué de soixante questions qui montrent une série de formes géométriques puis un choix de six ou huit formes alternatives dont une seule complète la série. Ces tests ont été administrés par des neuropsychologues indépendants qui ne connaissaient pas le but de l’étude. Ils portaient sur cinquante et un enfants et adultes avec autisme et quarante-trois enfants et adultes témoins.

Les résultats étaient frappants. Dawson a découvert que la mesure de l’intelligence de la population autiste dépendait du type de test. Au test de Wechsler, un tiers des sujets avec autisme recevaient la mention de « fonctionnement bas ».



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